Accordez-moi, Seigneur, ce vin qui est aussi nécessaire que votre précieux sang. Ce vin, sans quoi, tout ici bas est laid et maussade, ce vin qui rend la vie acceptable, et tolérables les foutus contemporains que vous m'avez données.
Léon Bloy

Ce blog se base sur les travaux de Joseph Bollery et du cher Emile Van Balberghe (+2024). Ce dernier laissera un grand manque parmi les bloyens, lui qui travailla sur Bloy jusqu’à sa mort.

Une sympathique lettre de Léon Bloy

Aujourd'hui se terminait une enchère internet pour un livre de Léon Bloy, Exégèse des lieux communs (nouvelle série), enrichi d'un envoi et d'une lettre à un inconnu : Charles Roguet.

Passons l'envoi pour s'intéresser à la lettre, dont voici la reproduction :



La lettre est donc daté du 23 novembre 1913. Dans cette lettre, jusqu'alors inédite (1), Bloy mentionne un courrier envoyé l'an dernier, vers cette époque. Ce courrier est connu et est daté du 2 novembre 1912. 

Roguet a donc ici recontacté Bloy, notamment pour lui signaler le livre d'Emile Rochard, Jésus selon les Evangiles. 


Cet ouvrage, comme l'indique la couverture ci-dessus est un poème approuvé par l'autorité ecclésiastique et couronné par l'Académie Française, avec une préface de Jules Lemaître.

De fait, ce livre obtint le prix Broquette-Gonin (de l'Académie Française) et fut approuvé par monseigneur Léon-Adolphe Amette. Roguet ayant signalé tout cela à Bloy fait ainsi dire à Bloy la phrase suivante, qui fait tout l'intérêt de cette lettre : 

Vous me parlez d'un livre : Jésus selon les Evangiles, poème approuvé par son Eminence arriviste Mgr Amette & cette vieille putain de Lemaître.

Voilà un intéressant avis sur ces deux personnages...


Note : 
(1) A l'heure où nous écrivons ce petit article, le volume 5 du Journal Inédit n'est pas encore publié, mais gageons que cette lettre y est indiqué et que peut-être nous trouverons plus d'information sur ce Charles Roguet. Bollery, dans l'édition en 15 volumes du Mercure de France, définit Roguet comme un correspondant de Bloy, rien de plus. Le texte de la lettre de 1912 est reproduit dans Le Pèlerin de l'Absolu.
Le 16 septembre 1916, il reçoit une lettre du cousin de Roguet, Marcel Chabin, qui lui apprend en même temps la mort de Roguet en 1914. Cette lettre est reproduite dans La Porte des Humbles.

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